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SUCCESSION DES CHEFS TRADITIONNELS – CAMEROUN (AR MOMOKANA)

LITIGES SUCCESSION À LA CHEFFERIE TRADITIONNELLE

AU CAMEROUN

 

Chefferie traditionnelle :

Ce que prévoit la loi sur le règlement des litiges nés de la succession

 

(Publication de Augustin Roger MOMOKANA  / sinotables.com-septembre 2020)

 

La chefferie traditionnelle est sur la place publique. A cause des litiges nés de la succession. Ces litiges opposent parfois les princes issus d’une même lit, ou encore ceux issus des deux lits.

Il s’agit d’une crise pour laquelle la loi n’est pas muette. Si le décret présidentiel N°77/245 du 15 JUILLET 1977 Portant organisation des Chefferies Traditionnelles stipule en son article 7 que, « Les Chefferies de 1er degré sont créées par Arrêté du Premier Ministre, celles de 2ème degré par le Ministre de l’Administration Territoriale et celles de 3ème degré, par le Préfet », la loi N°79/17 du 30 juin 1979 fixe le cadre du règlement des contestations soulevées à l’occasion de la désignation des chefs traditionnels.

Cette loi en son Article 1er se veut précise : « (…) les contestations soulevées à l’occasion de la désignation des chefs traditionnels sont portés devant l’autorité investie de pouvoir de désignation, qui se prononce en premier et en dernier ressort. »

Il va sans dire que le terme « désignation » ne sied pas aux réalités dans le pays bamiléké fondées sur les us et coutumes. Ici, la succession n’est pas le fait des notables ou des autorités administratives, même si depuis un certain temps ils brillent par leur violation de la dernière volonté du défunt. Ce pour des raisons éminemment politiques.

Le choix du successeur est fait par le père ou la mère alors qu’il est encore vivant. Il le fait par écrit, par confidences orales, par enregistrements sonore ou audiovisuel. Les copies originales de sa dernière volonté sont confiées à ses amis ou aux autorités administratives. Le jour des obsèques, après l’inhumation, les notables, recueillent les « confidences » qu’ils dépouillent dans leur cercle et en présence du chef du village. Les sous-préfets de plus en plus s’y invitent car parfois ils ont été chargés eux aussi.

Lorsque le testament est dépouillé, on réunit les enfants du défunt et procède à l’ « arrestation » du successeur. S’il s’agit du successeur d’une chef, il sera d’abord conduit au palais pour quelques formalités d’usage, avant d’être présenté à la population et à l’autorité administrative.

Immédiatement après, le futur chef est conduit au Laakem pour l’initiation au mystère de la gestion traditionnelle de son territoire. Cette initiation comprend plusieurs thématiques qui, lorsqu’elles sont toutes maitrisées font du futur chef un être supérieur tant au plan spirituel qu’au plan philosophique, mystique, médicinal.

Quand l’initiation est bouclée, Mekem sort du laakem. Il s’agit d’une cérémonie officieuse qui se déroule dans la stricte intimité de la cour royale. Seuls les notables et dans une moindre mesures des invités très spéciaux prennent part à ce rite qui consacre le chef ou le roi. La parade de la fête dite « sortie du laakem » n’est qu’une parade pour permet au nouveau chef de communier avec sa population et de prendre en main les affaires de sa chefferie. Cette cérémonie comporte un aspect traditionnel (intronisation) et un aspect administratif (installation officielle).

Le peuple ne partage pas du tout l’avis du législateur qui, à travers des lois contradictoires, a fait du chef traditionnel un auxiliaire de l’administration. Un statut qu’il cultive chaque jour davantage en suscitant l’engagement politique des chefs traditionnels, en leur attribuant un salaire mensuel.

 

Augustin Roger MOMOKANA